Mary Corinna Putnam Jacobi, une médecin suffragette!

Mary Corinna Putnam Jacobi (31 août 1842-10 juin 1906) est une médecin et une écrivaine américaine. Toute sa vie, elle se battra pour l’éducation des femmes. Grâce à elle, de nombreuses étudiantes ont pu entrer à l’université, domaine jusqu’alors réservé aux hommes.

Par Elsa Pécot

Mary Putnam Jacobi

La médecine, une passion que Mary Putnam développe dès la tendre enfance.

Mary Corinna Putnam Jacobi naît en 1842 à Londres dans une famille américaine. Quand elle est encore petite, ses parents décident de retourner vivre à New York. Mary passe son enfance et son adolescence là-bas. Son intérêt pour la médecine débute très tôt. « J’ai commencé mes études de médecine vers l’âge de 9 ans », écrit-elle dans son journal.

« J’ai trouvé un gros rat mort et j’ai pensé que si j’avais le courage, je pourrais ouvrir ce rat et retrouver son cœur que j’avais très envie de voir… j’ai manqué de courage. »

10 ans plus tard, elle prend son courage à deux mains et devient la première étudiante au collège de pharmacie de New York. Elle intègre ensuite le collège de médecine pour femmes de Pennsylvanie et en sort diplômée en 1864. Cela peut te sembler normal aujourd’hui, mais pour l’époque, voir une femme obtenir un diplôme est une véritable révolution. Un des professeurs de Mary est parti de l’école quand il a vu qu’une femme était acceptée pour passer les examens !

Les femmes ont le droit d’étudier !

Mais le parcours du combattant ne s’arrête pas là. De plus en plus intéressée par la médecine, Mary décide de continuer ses études en France dans la faculté de médecine. Une seule femme a déjà été acceptée dans la faculté avant elle. À la fin du XIXe siècle, il n’est pas facile pour une femme d’étudier, surtout en sciences. On considérait qu’il était dangereux pour une femme de réfléchir et d’apprendre. On disait même qu’elle risquait de tomber malade si elle le faisait. Après beaucoup de blabla et de persévérance, Mary devient la deuxième femme étudiante de la faculté ! La jeune femme ne doit pas se mélanger avec les autres étudiants masculins. Une petite porte lui est réservée pour rentrer dans la salle de classe et elle doit s’asseoir à côté du professeur. En 1871, elle sort triomphante de l’université parisienne, son diplôme en main.

À son retour aux États-Unis, seulement quatre hôpitaux acceptent les femmes médecins dans le pays. Elle intègre l’infirmerie pour femmes et enfants de New York et devient professeure au collège médical pour femmes. Mary estime que l’éducation des femmes est une priorité. Tout au long de sa vie, elle se bat pour le droit des femmes à étudier la médecine. De nombreuses femmes ont eu la possibilité d’étudier à l’université grâce à l’énergie sans faille de Mary. En 1873, elle se marie avec le docteur Abraham Jacobi avec qui elle a trois enfants. Abraham est médecin lui aussi. Il est considéré comme l’un des fondateurs de la médecine pour les enfants.

Les femmes seraient incapables d’accomplir de grandes choses à cause de leurs règles ? C’est ce qu’on va voir !

À l’époque de Mary, les femmes étaient considérées comme inférieures aux hommes et l’accès à de nombreux métiers et nombreuses activités leur était donc interdit. Le Dr Edward Clarck avait même publié que les femmes, en raison de leurs règles, étaient physiquement amoindries. Si bien qu’elles seraient incapables d’assurer des rôles importants dans la société.

Mais Mary va prouver que c’est faux, en employant des moyens irréfutables, la science ! Chercheuse scientifique dans l’âme, elle entame des recherches et prouve qu’en aucun cas, les règles des femmes ne modifient leur température corporelle, la pression sanguine, et leur pouls. Les femmes ont les mêmes capacités intellectuelles que les hommes pour réaliser de grandes choses. Mary devient la première femme nommée par la prestigieuse Académie de Médecine et son travail sera récompensé par un prix de l’Université d’Harvard.

C’est un minimum quand on sait que la célèbre université a refusé une somme d’argent importante en faveur de l’accès aux études des femmes !

Poussière tu étais, poussière tu seras...

À l’âge de 50 ans, Mary sent que quelque chose ne fonctionne pas comme avant dans son corps. Elle sent des vertiges quand elle est debout et une boule anormale s’est formée dans son cerveau. C’est une maladie très grave. Mais Mary continue d’écrire dans un carnet tout ce qu’elle ressent au fur et à mesure que la boule grossit afin d’étudier l’évolution de sa maladie. « La vie ! Et c’est quoi ? Naître, manger, dormir, travailler, jouer, mourir… La curieuse machinerie de notre corps, est-elle simplement créée pour retourner après un court laps de temps à la poussière d’où elle vient ? », écrivait Mary quand elle avait 10 ans. Celle qui avait compris dès son plus jeune âge que la vie est éphémère vient de retourner poussière. Elle laisse derrière elle près de 120 articles scientifiques et 9 livres écrits de sa plume.

Mary Putnam Jacobi

21 août 1842

10 juin 1906