Quand les paléontologues confondent les ossements d’iguanodons avec de l’or

C’est à Bernissart, dans la province de Hainaut en Belgique, que des squelettes d’iguanodons sont découverts dans une mine de charbon en 1878. C’est plus de 20 squelettes complets et vieux de 150 millions d’années qui furent découverts dans la fosse Sainte-Barbe. Une découverte paléontologique majeure pour l’époque.

Tout commence avec une confusion entre des ossements et de l’or.

Les mineurs travaillaient à 320 m de profondeur et avaient pour mission de creuser dans une poche d’argile, afin de retrouver la veine de charbon qu’ils exploitaient.

Durant leur travail, les ouvriers rencontrent des objets sombres et friables. Quelle ne fut pas leur surprise quand ils virent derrière ces derniers des objets présentant les mêmes reflets que l’or !

Le porion rapporte sa trouvaille au café du village et la montre au médecin du charbonnage qui identifie immédiatement les ossements.   

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Fossile

Ce sont les restes ou empreintes d’être vivants conservés dans des couches sédimentaires.

Paléontologie

C’est la science qui étudie les êtres vivants ayant existé au cours de diverses époques géologiques et qui se fonde sur l’étude des fossiles.

Ces trouvailles sont envoyées au professeur Van Beneden, spécialiste des fossiles à l’Université de Louvain. C’est lui qui identifie ces fossiles comme appartenant à ceux de dinosaures appelés iguanodons. C’était la première fois dans l’histoire de la paléontologie que l’on découvrait des squelettes complets et entiers d’iguanodons.

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Pourquoi les os fossilisés avaient-ils l’apparence de l’or ?

Tout d’abord, il est important de comprendre ce qu’est la fossilisation.

Après la mort de l’animal, les matières organiques qui composent les os se dégradent lentement sous l’action des bactéries. À la suite de cette dégradation progressive des os, de l’acide est libéré. Et cet acide va dissoudre petit à petit une composante importante des os : l’apatite. Les résidus font reformer des cristaux plus durs, mais plus cassants.

Le fer qui était présent dans le sang de l’animal et le soufre présent dans les protéines réagissent ensemble et se solidifient. On dit qu’ils précipitent. Le produit de cette réaction s’appelle la pyrite, un minéral connu pour ces reflets dorés. Déposée en couches ou dans les fissures des os, la pyrite recouvre les ossements pour leur donner des reflets dorés.

Protéger les os des iguanodons en les plâtrant, une idée épatante.

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Une fois sortis de la mine après un petit séjour de 125 millions d’années, les fossiles d’iguanodons se retrouvent à l’air libre.

La couche dorée de pyrite réagit avec l’oxygène de l’air ce qui fragilise instantanément les squelettes d’iguanodons.

Pour protéger les ossements, le professeur De Pauw, un autre spécialiste belge, applique une technique qui est encore utilisée aujourd’hui.

Sa stratégie : plâtrer les ossements. Sur le principe, cela consiste à recouvrir la partie visible de l’os par un papier double mouillé et une couche de plâtre d’environ 5 à 10 cm. Pour chaque partie d’os dénudée, on appliquait le même principe. Ce qui remontait des puits miniers était donc de gros blocs de plâtre, marqués d’une lettre alphabétique, prêts à être expédiés à Bruxelles.

C’est dans les ateliers du Musée d’histoire naturelle de Bruxelles que les squelettes étaient remontés et consolidés. Pour garantir leur longévité, le professeur De Pauw faisait enduire les ossements par une gélatine à base de colle forte. C’est grâce à cette chimie que les squelettes d’iguanodons sont encore observables aujourd’hui.

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