L’art de mettre au monde par Louise Bourgeois boursier

Louise Bourgeois (1563 – 20 dĂ©cembre 1636), appelĂ©e aussi La Boursier, est une sage-femme française et la premiĂšre Ă  Ă©crire un livre sur les problĂšmes liĂ©s Ă  l’accouchement.

Par Lucie NIETO

Louise Bourgeois

Vite vite, se protéger de la guerre derriÚre les murs de Paris

Louise est nĂ©e Ă  la campagne en dehors de Paris en 1563. Louise Bourgeois grandit avec des parents bienveillants et aisĂ©s. GrĂące Ă  ça, elle reçoit une meilleure Ă©ducation que celle des jeunes personnes de la bourgeoisie de cette Ă©poque. En 1584, elle se marie avec un maĂźtre chirurgien, Ă©lĂšve du cĂ©lĂšbre Ambroise ParĂ©. Ensemble, ils auront trois enfants. Mais la guerre des religions fait son apparition, et son mari est enrĂŽlĂ© dans l’armĂ©e. Pour se protĂ©ger des envahisseurs, elle fuit avec sa maman et ses trois jeunes enfants Ă  Paris. N’ayant pu emporter que trĂšs peu de choses avec elle, la famille connaĂźt des problĂšmes d’argent. Pour gagner sa vie et survivre, elle se met Ă  coudre des vĂȘtements. Coup dur pour une femme qui fait partie de la bourgeoisie.

Cependant, elle se dit qu’elle ferait bien un autre mĂ©tier. AprĂšs tout, elle avait appris beaucoup avec son mari chirurgien. Elle se met donc Ă  Ă©tudier tout ce qui concerne la grossesse et les accouchements. TrĂšs vite, elle offre son aide aux femmes riches ou pauvres de Paris, pour les aider Ă  mettre au monde leur enfant.

Louise Bourgeois fonce et saisit les opportunités

À l’époque, ĂȘtre sage-femme Ă©tait un mĂ©tier trĂšs demandĂ©. Beaucoup de mamans (10 %) dĂ©cĂ©daient des suites Ă  l’accouchement Ă  cause d’importants saignements ou d’infections. C’est donc une trĂšs grande responsabilitĂ©. En 1598, elle dĂ©cide de passer devant un comitĂ© d’examinateurs pour ĂȘtre reconnue dans sa profession, soutenue par son mari, revenu de la guerre.  Elle ne s’entendait pas trĂšs bien avec les autres femmes jurĂ©es, notamment Marguerite Thomas, Ă©pouse du Puy et Ă©galement sage-femme. À l’époque, les sages-femmes Ă©taient des femmes d’ouvriers. Une femme de chirurgien doit donc s’entendre avec les mĂ©decins et pas avec le petit peuple. Mais pour Louise, ces paroles rentraient dans une oreille et ressortaient par l’autre. Elle exerce quand mĂȘme son mĂ©tier dans tous les coins de Paris pendant trois ans jusqu’à ce qu’une opportunitĂ© incroyable s’offre Ă  elle, chose qu’elle ne pourra pas refuser.

Marie de MĂ©dicis, la jeune Reine de France, attend un enfant. Louise met tout en Ɠuvre pour qu’elle soit reprĂ©sentĂ©e comme sa sage-femme Ă  la cour royale. Elle fait jouer ses relations parmi les mĂ©decins si bien qu’elle est recommandĂ©e par les meilleurs comme Jean Hautain, mĂ©decin de la facultĂ© de Paris. Elle est choisie par le Roi, Henri IV, et accouche Marie de MĂ©dicis six fois, en moins de neuf ans. GrĂące Ă  son travail, elle gagne trĂšs bien sa vie et est la premiĂšre Ă  se voir accorder le droit de porter un chapeau de velours, en 1606.

La Reine Marie de Médicis

En parallÚle, elle continuait à accoucher les autres femmes de la cour et de la population. Au total, elle met au monde plus de 2 000 enfants.

Vite vite, se protéger de la guerre derriÚre les murs de Paris

En 1609, elle se dit qu’il est temps d’écrire un livre qui concentre toutes ses observations sur la grossesse et les problĂšmes que peuvent rencontrer les femmes.

Elle Ă©crit aussi comment rĂ©duire les risques d’un accouchement et apaiser la future maman. Son livre est si populaire qu’il devient le livre de rĂ©fĂ©rence des sages-femmes durant les 50 ans Ă  venir. Il sera mĂȘme traduit dans diffĂ©rentes langues pour les autres pays d’Europe.

La mort d’une princesse prive Louise Bourgeois de sa profession

Le 29 mai 1627, Marie de Bourbon-Montpensier, femme de Gaston d’OrlĂ©ans et belle-sƓur du roi, meurt lors de son accouchement en mettant au monde Anne-Marie d’OrlĂ©ans, une petite princesse.

Les mĂ©decins de l’époque, aprĂšs examen du corps sans vie de la Princesse, accusent Louise de nĂ©gligence. Elle aurait mal fait son travail. Louise se dĂ©fend violemment, car elle sait que les mĂ©decins prĂ©sents Ă  l’accouchement avaient vĂ©rifiĂ© que la mĂšre se portait bien. Elle Ă©crit une lettre leur disant qu’ils ne savaient rien de leur travail et qu’ils ne connaissaient rien du corps des femmes.

Évidemment, ces messieurs n’apprĂ©cient pas qu’une femme aussi cĂ©lĂšbre soit elle se permette de les contredire et de les rabaisser. Ça ne se fait pas ! Et elle est rejetĂ©e de la cour du Roi.

Elle passera le restant de ses jours Ă  travailler sur son livre, Ă  Ă©tudier et Ă  apprendre. Pour elle, avoir un diplĂŽme ne suffit pas. Ce qui compte, c’est de continuer Ă  apprendre jusqu’à la fin de ses jours. Une belle morale.

Louise Bourgeois

1563

20 décembre 1636