Marie Meurdrac, la première chimiste et féministe

Mary Meurdrac, la première vraie chimiste française au service des femmes pauvres.

Marie Meurdrac

Une jeune fille sérieuse et soucieuse des autres

Marie Meurdrac est née en France au 17e siècle, probablement vers 1610, dans une famille prospère. Elle habitait dans le village de Mandres-les-Roses, dans la banlieue actuelle de Paris. À l’âge de 15 ans, elle épouse Henri de Vibrac, le capitaine de la garde du Duc d’Angoulême. Après son mariage, elle part habiter au château de Grosbois, où elle se lie d’amitié avec la Comtesse qui y habitait. Une amitié qui lui sera très précieuse ! À cette époque, on ne parle pas encore de Sciences, mais de « Philosophie naturelle ».

D’où vient le mot Chimie !

Le mot chymie vient de Paracelse, un médecin suisse du 16e siècle, qui inventa ce mot pour distinguer la recherche sérieuse basée sur l’expérience plutôt que les idées théoriques un peu folles. Comme Paracelse, Marie Meurdrac est convaincue que la matière est composée de 3 éléments en quantités variables : le sel, le soufre et le mercure. Cette vision est bien éloignée de celle que nous connaissons aujourd’hui. Tu sais maintenant que la matière est composée d’atomes. À cette époque, la chimie, plus que les autres disciplines scientifiques est une science de femme. Cela semble étonnant, mais dans les familles, ce sont les mères qui préparent les remèdes pour soigner les maladies. Mais dès qu’il fallut débattre des théories de la chimie, les hommes prirent soin d’exclure les femmes des salons, car ce n’était pas adapté pour ces « petits esprits ».

Le premier Traité de chimie écrit pas une femme

Si à l’époque la société admettait que les femmes étaient capables de penser et d’écrire comme les hommes, cette égalité homme-femme n’est admise qu’en littérature. Et la société préférait leur donner des tâches ménagères plutôt que de les laisser réfléchir sur des problèmes de sciences.

Grâce à son amie la Comtesse, Marie apprend la chimie. Elle ne se contente pas de lire les livres des alchimistes et des chimistes de son époque, mais elle réalise aussi des expériences comme des mélanges, des extractions de substances, et elle teste leurs effets, dans un laboratoire au château. Elle prépare toute sorte de concoctions pour améliorer la vie des femmes. Et comme elle ne veut rien oublier, elle note toutes les expériences qu’elle réalise. Après plusieurs années de travail, elle accumule tellement de notes qu’elle pense à publier un livre. Mais elle hésite longtemps, car à cette époque, une femme bien élevée doit rester silencieuse, écouter, apprendre et ne jamais montrer ses connaissances en public. D’ailleurs, on encourageait même les femmes à dissimuler leurs connaissances. Les femmes trop intelligentes font fuir les hommes !

Mais avec le temps, elle réalise que ses enseignements et ses remèdes aident vraiment les gens. Elle pense alors que ce serait un péché de ne pas partager ses connaissances avec le monde entier.

Astucieusement, elle publie alors un traité de chimie, le premier écrit par une femme, qui s’appelle : « La Chymie charitable et facile en faveur des femmes ».

Tout le monde peut le faire !

Son traité devient très populaire grâce à la clarté de ses instructions permettant à tout le monde de reproduire ses préparations dans un langage simple et compréhensible de tous.

Elle présente des instruments, la préparation de différents remèdes au départ de plantes ou d’animaux, les métaux et même une section sur la préparation de produits de beauté. Un livre de 334 pages qui sera réédité plusieurs fois en français et même en allemand et en italien.

Chimiste mais féministe aussi !

Ce traité qu’elle dédie à la Comtesse contient une préface soutenant les femmes désireuses d’être instruites. Elle dit en effet que « l’esprit n’a pas de sexe, et que si on instruisait l’esprit des femmes comme celui des hommes, et que si on consacrait autant de temps et d’argent à leur instruction, alors elles pourraient devenir leurs égales ».

Une phrase prophétique, semble-t-il.

Marie Meurdrac

1610

1680